La peinture de Masaccio en dix œuvres

Le tribut de Saint Pierre, Masaccio

La peinture de Masaccio en dix œuvres

Masaccio, peintre florentin, mort à 27 ans en 1428, a eu une carrière qui a duré six ans seulement.

Pendant cette période, il a renouvelé l’art occidental en suivant les préceptes de ses maîtres Donatello et Brunelleschi en introduisant la notion de vérité optique, de perspective et de volume.

Masaccio est considéré comme le plus grand peintre de la Première Renaissance italienne.

Nous allons voir dix de ses œuvres, présentées chronologiquement :

1. Sainte Anne, la Vierge à l’Enfant et cinq anges (1424) – Masaccio

Sainte Anne, la Vierge à l’Enfant et cinq anges (1424), Masaccio et Masolino, Galerie des Offices, Florence

Sainte Anne, la Vierge à l’Enfant et cinq anges (1424), Masaccio et Masolino, tempera sur panneau, 175 x 103 cm, Galerie des Offices, Florence

Il s’agit de la première œuvre réalisée que Masaccio a réalisé en collaboration avec Masolino.

La Vierge et l’Enfant ainsi que l’ange situé en haut à droite ont été peints par Masaccio, Sainte Anne et les autres anges par Masolino.

La Vierge de Masaccio domine le tableau par son réalisme, sa présence physique (elle est en pleine lumière) alors que le visage de Sainte Anne (dans l’ombre) a moins de caractère.

2. Adam et Eve dans les fresques de la Chapelle Brancacci (1424-1427) – Masaccio

Masolino et Masaccio y peignent chacun Adam et Ève : Masolino les représente au Paradis et Masaccio chassés de l’Eden par la colère de Dieu.

Masaccio est remarquable par son réalisme. Nul autre avant lui n’a aussi bien représenté les expressions et les postures de ses personnages. Nul n’a été aussi loin dans la précision des décors, des paysages ou des rues florentines de son époque.

Cette nouvelle approche de l’art est aisément perceptible quand l’on compare les deux fresques de la Chapelle Brancacci sur le même thème d’Adam et Eve de Masaccio et de Masolino.

Adam et Eve chassés du Paradis, Masaccio, Chapelle Brancacci, Eglise Santa Maria del Carmine, FlorenceAdam et Eve chassés du Paradis, Masaccio, Chapelle Brancacci, Eglise Santa Maria del Carmine, Florence

Masaccio traduit avec force la douleur et le désespoir en représentant les gestes et les postures des hommes confrontés à une situation dramatique. On lit sur le visage d’Eve et dans l’attitude d’Adam, chassés du Paradis, leur désespoir immense.

Adam et Eve sous l’arbre de la connaissance au Paradis, Masolino, Chapelle Brancacci, Eglise Santa Maria del Carmine, Florence

Adam et Eve sous l’arbre de la connaissance au Paradis, Masolino, Chapelle Brancacci, Eglise Santa Maria del Carmine, Florence

Masolino donne une représentation conventionnelle d’Adam et Eve avec des gestes élégants et des visages froids dénués d’expression.

3. Le baptême des Néophytes, Chapelle Brancacci (1424-1427) – Masaccio

Le baptême des Néophytes, Masaccio (1426-27), fresque, 255 × 162 cm, Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

Le baptême des Néophytes, Masaccio (1426-27), fresque, 255 × 162 cm, Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

Un homme, un néophyte (une personne récemment entrée dans la religion chrétienne par la cérémonie du baptême) se fait baptiser par Saint Pierre.

4. Le Tribut de Saint-Pierre, Chapelle Brancacci (1424-1427) – Masaccio

Le Tribut de Saint-Pierre, Masaccio (1426-27), fresque, 255 × 598 cm, Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

Le Tribut de Saint-Pierre, Masaccio (1426-27), fresque, 255 × 598 cm, Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

Le tableau relate un miracle réalisé par Jésus et rapporté par l’Evangile selon Saint-Matthieu.

Jésus et les apôtres arrivent à Capharnaüm, ville située au nord d’Israël. La ville perçoit sur les étrangers y arrivant un impôt, un tribut

La fresque présente trois moments de l’histoire dans un même lieu.

Au centre, le collecteur d’impôt demande le tribut à Jésus. En réponse à la question de Pierre qui lui demande comment trouver l’argent il lui indique la mer pour qu’il aille pécher. Les personnages autour prennent conscience qu’ils vont être les témoins d’un événement extraordinaire. Cela crée une atmosphère d’attente.

Derrière le groupe de personnes, il y a un paysage montagneux en pente, avec une variété de couleurs allant du vert foncé à l’avant-plan à la neige en arrière-plan. Les collines et les montagnes qui s’élèvent depuis les plaines sont parsemées de fermes, d’arbres et de haies.

Elles sont surmontées par un ciel bleu lumineux strié de nuages blancs peints selon une perspective parfaite (qui sera reprise par Paolo Uccello, Domenico Veneziano et Piero della Francesca).

Les figures sont disposées selon des lignes horizontales, mais l’ensemble du dispositif est circulaire. C’est le modèle classique de la représentation de Socrate et ses disciples qui a ensuite été adopté par l’art paléochrétien et interprété par les peintres de la première Renaissance comme Brunelleschi comme symbole de la perfection.

À gauche, on y voit nettement Pierre et sa canne à pêche. Le poisson qu’il a capturé a la gueule grande ouverte avec le tribut dedans. L’eau du lac est transparente et l’on distingue bien la propagation des ronds dans l’eau vers la rive.

À droite, Pierre remet l’argent au collecteur d’impôts en face de sa maison.

Les personnages sont classiques, habillés à la mode grecque avec des tuniques liées à la taille, des manteaux enveloppant le dos et retenus à l’épaule gauche. Même la position de Pierre qui extrait les pièces de la bouche du poisson, avec sa jambe droite repliée et celle de gauche tendue, rappelle les postures de nombreuses statues grecques et les reliefs des urnes funéraires étrusques et romaines.

Daniel Arasse fait remarquer le geste du Christ, redoublé par celui de saint Pierre : « Le monde s’ouvre à l’action des hommes », « Finies les attitudes raides peintes par les contemporains et les prédécesseurs de Masaccio ». Il souligne également comment, dans les peintures de Masaccio, les personnages ont les pieds solidement sur terre, contrairement aux figures gothiques, qui ont l’air de se tenir sur la pointe des pieds.

Cet épisode, en soulignant la légitimité de la demande du percepteur des impôts, a été interprété comme une référence à la vive controverse de l’époque à Florence sur le projet de réforme fiscale. La controverse a finalement été réglée en 1427 avec l’institution d’un registre officiel de l’impôt, système fiscal beaucoup plus équitable qu’auparavant.

5. Saint-Pierre distribuant l’aumône et la Mort d’Ananie, Chapelle Brancacci (1424-1427) – Masaccio

Saint Pierre distribuant l'aumône et la Mort d'Ananie, Masaccio, Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

Saint Pierre distribuant l’aumône et la Mort d’Ananie, Masaccio (1426-27), fresque, 230 × 162 cm, Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

C’est un épisode du Nouveau Testament, où l’on voit, dans un décor contemporain, Ananie et sa femme Saphire membres de l’Église chrétienne primitive. Ces premiers chrétiens ont fait vœu de mettre en commun l’ensemble de leurs biens. Mais Ananie a conservé une partie de son patrimoine. Il est interrogé par Saint-Pierre et prétend avoir tout remis. Il est alors frappé de mort subite. Son épouse, considérée comme complice, subit le même sort.

6. La Trinité, fresque de Santa Novella à Florence (1425-1428) – Masaccio

La Trinité, Masaccio, Santa Maria Novella, Florence

La Trinité, Masaccio (1425-28), fresque, 640 × 317 cm, Santa Maria Novella, Florence

Cette fresque de grandes dimensions a été peinte dans l’église Santa Maria Novella de Florence.

Derrière le Christ en croix, il y a un spectaculaire plafond voûté à caissons qui crée un effet de perspective saisissant. C’est l’un des premiers de l’histoire de la peinture. Vasari détaille cet extraordinaire trompe-l’œil. « C’est une voûte en berceau, tracée en perspective et divisée en caissons ornés de rosaces qui vont en diminuant, de sorte qu’on dirait que la voûte s’enfonce dans le mur. »

Cette Trinité, considérée comme une étape dans l’histoire de l’art, représente la traduction en peinture des lois de la perspective inventée par Brunelleschi. Certains critiques estiment que Brunelleschi lui-même a tiré les traits de perspective. D’autres soutiennent que Masaccio a interprété les innovations de Brunelleschi.

7. L’Adoration des mages, Polyptique de Pise (vers 1426) – Masaccio

L’Adoration des mages, Polyptyque de Pise, Masaccio, Staatliche Museen, Berlin

L’Adoration des mages, Polyptyque de Pise, Masaccio, vers 1426, tempera sur bois, 21 × 61 cm, Staatliche Museen, Berlin

Selon le récit biblique, trois mages (astronomes) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus. Arrivés près de Lui, ils lui offrent l’or, l’encens et la myrrhe.

Cet élément du polyptyque (19 éléments au total, tous ne nous sont pas parvenus) est très large et de faible hauteur.

Masaccio concentre donc la scène principale au centre et réserve les extrémités pour les animaux.

8. Crucifixion, Polyptyque de Pise (vers 1426) – Masaccio

Crucifixion, Polyptyque de Pise, Masaccio, Musée National de Capodimonte, Naples

Crucifixion, Polyptyque de Pise, Masaccio, vers 1426, tempera sur bois, 83 × 63 cm, Musée National de Capodimonte, Naples

Au centre, le Christ en croix est entouré de La Vierge Marie et de l’apôtre Jean, Marie-Madeleine est agenouillée. L’image est déformée, car il s’agit de la partie la plus haute du polyptyque. Elle n’était de ce fait pas destinée à être vue de face mais d’en bas, d’où la déformation volontaire du corps du Christ (pas de cou, déhanchement). En contre-plongée, tout reprend sa place (anamorphose perspective).

9. La Crucifixion de Pierre, Polyptyque de Pise (vers 1426) – Masaccio

La crucifixion de Saint-Pierre, Polyptyque de Pise, Masaccio, Staatliche Museen, Berlin

La crucifixion de Saint-Pierre, Polyptyque de Pise, Masaccio, vers 1426, tempera sur bois, 22 × 31 cm, Staatliche Museen, Berlin

L’apôtre Pierre, arrêté par les romains, car il prêchait le christianisme, fut condamné par le préfet Agrippa à être crucifié, sort réservé aux étrangers. Il demanda à l’être la tête en bas par humilité.

10. Saint Jérôme et Saint Jean-Baptiste, Polyptyque de Santa Maria Maggiore de Rome (1428) – Masaccio

Saint Jérome et Saint Jean-Baptiste, Masaccio et Masolino, National Gallery, Londres

Saint Jérôme et Saint-Jean-Baptiste, Masaccio et Masolino, 1428, tempera sur bois, 125 × 59 cm, National Gallery, Londres

Il s’agit d’un élément d’un polyptyque peint pour l’église Santa Maria Maggiore de Rome en 1428 par Masaccio et Masolino. Masaccio ne peut terminer le travail puisqu’il meurt cette année-là.

 

Après avoir vu ces dix œuvres, si vous voulez en savoir plus sur Masaccio, lisez mon article sur Masaccio, sa vie, son œuvre.

Pour en savoir plus sur la Renaissance Italienne, allez voir mon article Renaissance Italienne : Son Evolution Artistique

Vous pouvez aussi aller voir les sites suivants :

Wikipédia

Rivage de bohème

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