La Vierge parmi les vierges de Gérard David

La Vierge parmi les vierges de Gérard David

La Vierge parmi les vierges de Gérard David

Le tableau Virgo inter virgines, la Vierge entre les vierges ou la Vierge parmi les vierges, également connu également sous le nom de la Vierge aux raisins.  Peinture à l’huile sur bois du peintre flamand Gérard David, elle fut réalisée aux environ de 1509 et offerte par le peintre et son épouse Cornelia Cnoop au couvent des Carmélites déchaussées de Bruges. Il est actuellement au Musée des Beaux-Arts de Rouen.

La vierge parmi les vierges de Gérard David

La Vierge parmi les vierges, Gérard David (vers 1450-1523), vers 1509, peinture à l’huile sur bois, 118 x 212 cm, Musée des Beaux-Arts de Rouen

Ce tableau fut attribué à Hans Memling (en 1785) puis à Jan Van Eyck (en 1809).

I. Description du tableau La Vierge parmi les vierges

La Vierge Marie est assise au centre avec l’Enfant Jésus qui tient une grappe de raisin (symbole eucharistique), entre deux anges musiciens. Ils sont entourés d’un groupe de saintes martyres, reconnaissables par leurs attributs, et d’un autoportrait de Gérard David et du portrait de sa femme.

A. Les saintes martyres

De gauche à droite, on reconnait :

1. Sainte Dorothée avec une corbeille de roses. Selon la légende de son martyr, quand elle se rendit au lieu de son exécution, l’avocat païen Théophile lui demanda, comme épouse du Christ, de lui envoyer des fruits du jardin de son mari. Ce qu’elle fit, ce qui entraîna la conversion de Théophile et son martyr ;

2. Sainte Catherine d’Alexandrie avec une couronne ornée de la roue de son tourment, qui casse miraculeusement au lieu de la tuer ;

3. Sainte Agnès avec un agneau à ses pieds, (l’agneau a été choisi du fait de l’assonance avec son nom ;

4. Sainte Fauste avec une scie, instrument de son martyr. Ses bourreaux qui voulaient la scier en deux n’y parvinrent pas ;

5. Sainte Apolline avec la pince qui a été utilisée pour lui arracher les dents ;

6. Sainte Godelieve, sainte flamande, avec une écharpe autour du cou, son mari l’ayant fait étrangler ;

7. Sainte Cécile à côté d’un orgue, elle a chanté jusqu’à sa fin les louanges à Dieu ;

8. Sainte Barbe avec un capuchon orné de la tour dans laquelle son père l’a enfermée ;

9. Sainte Lucie tenant ses yeux.

La vierge parmi les vierges de Gérard David

B. Les donateurs

Dans cette scène, il y a un couple. L’homme est dans le coin supérieur gauche. C’est un autoportrait de Gérard David lui-même. Dans le côté opposé, il y a très probablement sa femme, Cornelia, avec un capuchon blanc.

C. Le style

Les saintes se détachent sur un fond neutre, ce qui suggère un faible relief et en même temps permet de détacher les visages et la beauté des matériaux.

Dans cet ensemble compact, la Vierge Marie est dans un verticalisme net et a une force statuaire inhabituelle chez Gérard David. Cette attitude apparait être une réponse à la Vierge de Bruges de Michel-Ange qui est arrivée dans la ville en 1506.

Le livre enluminé représenté dans les mains de Sainte Barbe souligne le souci de précision descriptive de l’auteur.

La vierge parmi les vierges de Gérard David
Vierge de Bruges par Michel Ange

La Vierge de Bruges, Michel Ange, détail de la Madone de la Cathédrale de Bruges, photo George Washintong 

II. Le thème

Le thème de la Virgo inter virgines, la Vierge parmi les vierges, est fréquemment représenté dans la peinture religieuse et les livres enluminés (la lumière apportée par l’or utilisé).

Marie est représentée avec son Enfant, généralement dans un jardin clos, accompagnée d’un certain nombre de vierges saintes, la plupart du temps des martyrs.

C’est un thème populaire au XVe siècle et à la première moitié du XVIe siècle en Europe du Nord

Ces œuvres la représentant entourées de vierges martyres paléochrétiennes furent produites en nombre considérable en Europe du Nord entre 1400 et 1530.

Originaire d’Allemagne, à Cologne, il se répandit en Flandre

Ce thème a pris naissance dans la région autour de Cologne et en Westphalie à la fin du XIVe siècle et est rapidement devenu populaire en Allemagne, d’où il a été repris dans le sud des Pays-Bas au XVe siècle. Hans Memling l’a introduit en Flandre.

Ses représentations

La Vierge était habituellement entourée de deux, trois, quatre ou six jeunes filles ou parfois d’un groupe beaucoup plus grand.

Il s’agissait le plus souvent des saintes populaires à cette époque telle que Barbe, Catherine, Agnès, Cécile, Lucie, Marie-Madeleine, Dorothée, Marguerite, Ursule, Agathe et Apolline. Très souvent ont été choisies les “saintes capitales” : Barbe, Catherine, Dorothée et Marguerite.

Conçu pour des religieuses

La vénération de la Vierge et des saintes femmes a été populaire auprès d’un large public.

Mais elle l’était bien plus auprès des religieuses, du fait de la croyance en l’Immaculée Conception.

La majorité des tableaux provient de couvents.

L’iconographie spécifique des images, en mettant l’accent sur l’enfermement, la contemplation et la vénération de l’Enfant Jésus, fournit des modèles idéaux de dévotion pour les religieuses, dont la propre existence était si étroitement reflétée dans les œuvres d’art.

Ce thème fut peu utilisé en Italie

Les artistes italiens préférèrent le thème connexe de la Conversation Sacrée.

Ces deux thèmes regroupent Dieu, la mère de Dieu, les saints et même les mortels dans le même espace d’image.

Voici donc un exemple de représentation de Vierge parmi les vierges.

Vous pouvez en trouver sur ce site un article sur le tableau du Maître de la Légende de Sainte Lucie conservé à Bruxelles qui explique comment reconnaître les saintes sur leurs attributs.

Vous pouvez aussi lire sur Wikipédia un article sur ce peintre, le Maître de la Légende de Sainte Lucie.