Pompéi est anéanti en moins de 2 jours en 79 après J.-C. par une éruption du Vésuve

pompeianis-ubique

Pompéi ville romaine de Campanie, la “campania felix“ (Campanie heureuse) des anciens, est détruite en moins de deux jours par une éruption du Vésuve en 79 après J.-C..

Des séismes survenus plusieurs années auparavant sont autant de signes annonciateurs.

Après cette destruction soudaine et inattendue pour les habitants, la ville sera oubliée pendant 17 siècles.

 

vésuve avant pendant

 

Fresque de la maison du Centenaire représentant le Vésuve avant 79, constitué d’un seul sommet, le Monte Somma, avec à son pied, le dieu Bacchus – Musée archéologique de Naples (à gauche)

Pompéi, the last day – image d’une fiction de la BBC datant de 2003 sur l’éruption du Vésuve en 79 (à droite)

I. La catastrophe de 79 après J.-C. survient après des signes annonciateurs

A. En 62 (ou 63) un tremblement de terre,

provoque une destruction considérable autour de la baie de Naples notamment à Pompéi.

Un bas relief de la Maison de Lucius Caecilius Jucundus illustre les effets de ce séisme.

Bas relief tremblement 63 recadré

La reprise est difficile, la classe sociale la plus défavorisée a ses maisons détruites. Certains des dommages n’avaient pas encore été réparés lors de l’éruption fatale du volcan.

La mort de 600 moutons causée par l’« air vicié » (dioxyde de carbone d’origine volcanique) dans les environs de Pompéi et rapportée par Sénèque amène à émettre l’hypothèse que ce séisme était lié à une nouvelle activité du Vésuve.

B. Un autre séisme de moindre ampleur eut lieu en 64,

Suétone le mentionne dans sa biographie de Néron. En effet il survint pendant que l’empereur se produisait pour la première fois dans un théâtre public à Naples. Tacite y fait allusion dans ses Annales.

Suétone raconte qu’« un tremblement de terre ébranla le théâtre, l’empereur ne cessa de chanter que lorsqu’il eut fini son air » et Tacite écrit que « quand les spectateurs furent sortis, le théâtre s’écroula ».

C. Vers 70 un autre grave tremblement de terre survient

Des habitants quittent la ville en vendant leurs possessions à bas prix.

Les reconstructions et les restructurations sont rapides mais il y a encore de nombreux chantiers en cours en 79 et le fonctionnement urbain est modifié, des secteurs sont abandonnés, des espaces sont transformés et de nombreux biens ont changé de propriétaires.

D. Le 20 août 79, quatre jours avant l’éruption, de nouveaux séismes

secouent la région avec une fréquence et une intensité croissantes jusqu’au 24 août, indiquant la remontée de la lave. On note également le tarissement de nombreuses sources autour du volcan.

Les Romains s’étaient habitués aux petits séismes de la région. Pline le Jeune écrit qu’« on avait ressenti des signes avant coureurs d’un tremblement de terre mais sans en être effrayé car c’est chose courante en Campanie ».

Résumé de la partie I en cartes

Lire la carte dans le sens des aiguille d’une montre

Destruction de Pompéi s annonciateurs 2

Pompéi signes annonciateurs

II. L’éruption du Vésuve en 79

A. La date exacte de la catastrophe est discutée

Si l’année 79 n’a jamais été sérieusement mise en doute (Vespasien meurt cette année là et Titus est le seul dirigeant quand il ordonne que l’on secoure les habitants survivants de Pompéi. L’année suivante en 80, il lutte contre un grand incendie à Rome).

Le moment de l’année lui est remis en cause.

Le 24 août est la date qui était généralement admise

Cette date en fait n’est mentionnée qu’une fois dans un seul document historique, la première lettre que Pline le Jeune adressa à Tacite.

Dans la variante du manuscrit jugée la plus digne de foi, on lit nonum kal. septembres, c’est-à-dire neuf jours avant les calendes de septembre, soit le 24 août.

Cependant des copistes du manuscrit ont pu modifier cette date. En effet, le mois était omis dans certains manuscrits.

La date originale devait être a.d. IX kal dec (le 23 novembre) ou a.d. IX kal nov (le 24 octobre).

En faveur de la date du 24 octobre, on avait déjà remarqué la présence 

– de vin fraichement pressé dans de grandes amphores de fermentation (dolias) scellées, ce qui se faisait vers la fin d’octobre

de fruits frais d’automne (noix, figues, olives…) et de fruits d’été vendus séchés ou en conserve

– de braseros (pour le chauffage en période froide) allumés

– de victimes habillées chaudement

– de la direction des vents (de juin à août inclusivement les vents soufflent de l’ouest et le reste de l’année de l’est)

La date du 24 octobre est définitivement retenue après la découverte

– d’une monnaie, datant de la quinzième salutation impériale de Titus du 8 septembre, trouvée en 1974 parmi les pièces de la bourse d’une femme ensevelie dans la Maison du Bracelet d’or.

– et surtout d’un graffiti, dans le courant de l’année 2018, au cours de la fouille de « la maison du jardin » : « XVI (ante) K(alendas) Nov(embres) in(d)ulsit pro masumis esurit(ioni) qui signifie « le 17 octobre il s’est livré à la nourriture de façon immodérée ».

– par ailleurs on a retrouvé récemment des copies de la lettre de Pline le Jeune à Tacite (voir ci-dessous) dont certaines mentionnent le neuvième jour avant les calendes de novembre et non pas celles de septembre.

 

B. L’éruption est rapportée par plusieurs sources littéraires

Pline le Jeune dans deux lettres à Tacite (VI, 16 et 29), écrites 25 ans après l’évènement, raconte comment son oncle Pline l’Ancien, auteur de l’Histoire naturelle, préfet de la flotte à Misène est mort en allant observer de plus près l’éruption.

Don Cassius, auteur tardif mentionne  que des prodiges, des géants ressemblant à des Titans seraient apparus avant et pendant l’éruption.

C. L’éruption dure 48 heures en deux phases

La première phase : une pluie de cendres et de pierres ponces

Elle commence dans la matinée du 24.

Cette phase dite plinienne consiste en une pluie de cendres et de pierres ponces depuis le panache volcanique en forme de champignon ou de pin parasol qui atteint 30 km de hauteur dès 1 heure de l’après midi.

En début d’après-midi, un appel de détresse parvient à Pline l’Ancien à Misène, à environ 32 km du Vésuve, de l’autre côté de la baie de Naples. Il part avec plusieurs navires secourir les habitants menacés et observer le phénomène de plus près. Mais il doit renoncer et aborde à Stabies au-delà de Pompéi.

A Stabies, des odeurs de soufre et une pluie de feu, des bombes volcaniques qui explosent en touchant le sol, provoquent la fuite éperdue des habitants.

Pendant ce temps, Misène, protégée par la direction des vents, est épargnée par les chutes de ponces. Par contre, les séismes dus à l’éruption sont ressentis avec une intensité de plus en plus forte les 24 et 25. Les objets sont complètement renversés et les chars, même bloqués par des pierres, sont déplacés lors des tremblements de terre.

Pline le Jeune rend compte de l’éruption en ces termes : « Or, c’était le jour, mais tout alentour une nuit, plus épaisse qu’aucune autre, régnait, pourtant atténuée par un grand nombre de feux et de diverses lumières (Lettres, livre VI, 16). »

Curieusement, il ne mentionne pas Pompéi et Herculanum.

La seconde phase : les nuées ardentes

Au cours de la nuit et au début du jour suivant, le 25, la colonne éruptive s’effondre à six reprises en coulées pyroclastiques (ou nuées ardentes), avalanches de cendres et de fragments volcaniques. Elles se succèdent et vont emporter d’abord Herculanum puis Pompéi. Les lueurs de ces coulées passent pour des incendies.

Elles s’accompagnent de nouveaux tremblements de terre légers et d’un petit raz de marée dans la baie de Naples.

Les habitants périssent sous l’effet de l’intense chaleur, des gaz asphyxiants et de l’écroulement des toitures.

La population environnante, même celle de Misène, prend la fuite (y compris Pline le Jeune et sa mère). 

L’éruption est finie dans la soirée du second jour et a laissé une brume épaisse à travers laquelle le soleil brille faiblement. 

L’épaisseur des dépôts pyroclastiques atteint 4 m environ et le rivage a avancé de 4 km dans la mer.

Carte de la destruction de Pompéi et des villes voisines

Eruption du Vésuve, destruction de Pompéi

Par mapmaster – travail personnel, cc by-sa 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2920590

Vidéo reconstituée de la destruction de Pompéi

par la société Zero One Animation : A Day in Pompeii, a Melbourne Winter Masterpieces exhibition, Melbourne Museum from 26 June to 25 October 2009
Cliquer sur l’image pour voir la vidéo sur Youtube

video melbourne

D. Pompéi est oubliée pour 17 siècles

(voir l’article consacré à la redécouverte de Pompéi).

E. Les archéologues retrouveront 1150 victimes dans la ville et 250 dans les zones suburbaines

La population de Pompéi avant l’éruption est évaluée entre 10 000 et 15 000 habitants.

Environ 90% de la population a donc pu fuir pendant la première phase.

Résumé de la partie II en cartes

Lire la carte dans le sens des aiguilles d’une montre

Destruction de Pompéi éruption Vésuve

Pompéi eruption Vésu JPEG

Pour finir : un graffiti trouvé sur un mur de Pompéi

 pompeianis ubique...

Salut aux Pompéiens, où qu’ils soient

CIL 4, 9143, Reg 3 ins 04

Pour en savoir plus

Pompéi, La vie d’une cité romaine par Mary Beard, collection Points, Histoire, Editions du Seuil

Pompéi et la Campanie Antique par Jean-Noël Robert, Guide Belles Lettres Des Civilisations